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Montpertuis: l'échec de la dépollution


Douze ans d’efforts n’ont pas pu venir à bout, ni de la pollution chimique, ni de celle appelée, pudiquement, « pyrotechnique » - c’est-à-dire, le danger des explosifs enfouis dans le sol.

C'est la conclusion que l'on peut tirer de quatre documents-clé portant sur cette prétendue dépollution, dont un arrêté préfectoral et trois documents techniques.

Pour obtenir ces trois documents, nous avons dû faire appel à une instance nationale, la Commission d'Accès aux Documents Administratifs (CADA), et même faire un recours auprès du Tribunal Administratif, car la Préfecture refusait de se plier à l'avis de la CADA, qui nous était favorable.

Voici ce que ces documents révèlent.


1 - La nappe d'eau souterraine est toujours aussi polluée.

Le site de Montpertuis est une zone humide et argileuse, ce qui en fait une "passoire" qui facilite l'infiltration des pollutions de toute nature dans les eaux souterraines - celles que nous buvons. D'après le rapport de l'inspection des installations classées (DREAL) en date du 25 août 2020, p.7 et le rapport Ginger-Burgeap, p. 868, la nappe d'eau souterraine est toujours aussi polluée, sinon plus.

Sous la partie est du site (la plus polluée), cette nappe n'est qu'à huit mètres de profondeur. elle est en pente et se déverse dans l'Allier. L’argile, très présente sur le site, rend les polluants plus bio-disponibles.

Pour tenter de limiter les dégâts, un arrêté préfectoral du 2 octobre 2019 impose dorénavant de recueillir l’eau de pluie sur certaines zones, pour ne pas qu’elle s’infiltre dans le sol (lire ici, p. 6). Il faudra même isoler les canalisations d'eau potable, car la pollution est tellement concentrée qu'elle risque de s'y infiltrer ! (p. 9) Ceci est dû à la persistance d'une importante pollution chimique des sols.


2 - Les tentatives de dépollution chimique des sols ont plutôt aggravé la pollution.

Une modeste dépollution chimique a été entreprise afin d’essayer de limiter les transferts de produits polluants du sol vers les aquifères souterrains, et leur dispersion dans l'air.

Ces opérations devaient à l’origine concerner quatre parcelles, mais ont été réduites à deux parcelles, soit 0,24% de la surface du site. Pour l’une de ces deux parcelles, la parcelle L, il ne s’agissait que de nettoyer un endroit qui avait été pollué par le processus de dépollution lui-même ( rapport Ginger-Burgeap, p.7).

En effet, ces travaux ont paradoxalement aggravé la pollution des nappes phréatiques en fracturant les dalles de certains bâtiments et en favorisant la circulation des Composés Organiques Volatils vers les aquifères souterrains ( rapport Ginger-Burgeap, p.37). (1)


3 - Les mines qui restent dans le sol empêchent potentiellement la rénovation des réseaux.

Environ 15% du site a fait l'objet d'une dépollution pyrotechnique. A-t-elle été suffisante ? Le même arrêté préfectoral instaure de vastes zones dans lesquelles, en raison des explosifs et de la pollution chimique, l'activité est interdite ou sévèrement restreinte, quasiment pour toujours. Ces prescriptions sont appelées "Servitudes d'Utilité Publique".

Les matériaux dont sont faites les canalisations interfèrent avec les ondes utilisées par les scanners de télédétection des explosifs. Il est donc techniquement impossible d'intervenir sur ce réseaux en toute sécurité, et cela sur l'ensemble de la zone de Montpertuis-Palazol.

Il faut se rendre à l'évidence: on ne va pas pouvoir améliorer ou renforcer les réseaux souterrains, au risque de sauter sur un engin explosif.

En conclusion,


1 - Ces révélations soulignent encore une fois la nécessité de tester les eaux destinées à la consommation humaine, et qui sont pompées à proximité du site (Vendat, captages du Pont Noir..) Cela devient de plus en plus impératif, car en période de faible étiage (ce qui peut arriver, à présent, toute l’année), les puits et captages forment un « appel d’eau », et les panaches de pollution des eaux souterraines s’étirent dans leur direction.


2 - Concernant le site de Montpertuis, sa reconversion ne peut pas se faire sous l’emprise d’une illusion. La réalité du terrain doit être regardée en face, et en l'état des choses, le passage en zone « constructible » est une aberration. On peut, bien sûr, envisager des usages non polluants, mais il faudra alors s'assurer que les personnes travaillant sur ce site ne sont pas mises en danger.


Avec toutes les précautions nécessaires, l'installation de panneaux solaires sur le site est plutôt une bonne idée. Mais d'après les architectes du nouveau projet que nous avons consultés en 2022, ce projet a été écarté.


L'information des citoyens et leur vigilance sont plus utiles que jamais.


(1) « Un rebond des concentrations de cis-1.2 dichloroéthylène et trans-1.2 dichloroéthylène est observé à partir du mois de juillet 2018 sur le piézomètre Pz24 (aval bât 36) probablement dû au retrait des dalles bétons sur ce bâtiment. La disparition de ces surfaces étanches a probablement favorisé le lessivage par les eaux de pluie des COHV vers les eaux souterraines. Une augmentation des concentrations en trichloréthylène et tétrachloréthylène est également observée en Pz30 (aval zone 1-bât 80), vraisemblablement en lien avec les excavations. » rapport GINGER BURGEAP: Dossier de récolement des travaux réalisés, réf :CESICE173056 / RESICE08599-03 du 26 septembre 2019, p. 37.


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